La perte auditive : un handicap étonnamment répandu

Je suis dans le métier depuis un certain temps et je n'en reviens toujours pas!  Pourquoi tant d'attente?  La perte auditive engendre des difficultés bien réelles : isolement, frustrations, difficultés professionnelles, épuisement, friction avec l'entourage, dépression, changements cognitifs, etc.  Ce n'est quand même pas banal!  

En plus, la recherche a démontré, il y a longtemps, qu'en tardant à s'occuper d'une perte auditive, on ne fait qu'aggraver sa situation.  En effet, l'oreille risque de perdre sa capacité à comprendre les mots et la réadaptation auditive devient de plus en plus ardue.

Je m'efforcerai, dans ce blogue, de vous expliquez ce qu'est la perte auditive, et comment on peut la traiter avec succès avec le port de prothèses auditives et autres aides techniques.  Je vous tiendrai aussi au courant des nouveautés dans le monde de l'audition.  

Mais tout d'abord je voudrais prendre le temps de vous énumérer certains facteurs parmis les plus communs qui peuvent expliquer pourquoi les gens prennent tant de temps à prendre en main leur difficultés auditives.  

 

La personne ne sait tout simplement pas qu’elle a un problème  

En raison de la nature graduelle et lente de l'évolution de la surdité, certaines personnes ne se rendent pas compte qu’elles ont un problème.  Elles s’y adaptent tant bien que mal.   « Maman, j’aimerais que tu fasses vérifier ton audition, je pense que tu as des difficultés à entendre dernièrement.»  Lorsque le problème est amené vers la personne avec douceur et tact, il y a de bonnes chances qu’elle se montre réceptive et qu’elle consulte de plein gré un professionnel de l’audition.

 

Le déni  

Parfois, les gens vont réaliser - jusqu'à un certain point - qu'ils ont des difficultés à entendre, mais ils ne veulent pas l’admettent.  Ils deviendront émotifs ou même agressifs lorsqu'on soulève le sujet, ils répondront probablement quelque chose comme ça : «J'entends très bien, c'est vous qui marmonez.»  Ou encore, en parlant de la télévision : «C'est le son qui est mauvais, les animateurs ne savent plus comment parler.  Ils mettent la musique trop forte.»  Vous aurez devinez que ces gens sont plus difficiles à amener à nos bureaux.  Pour intervenir auprès d'eux, il faudra peut-être y aller «par la bande» et identifier qui serait le mieux placer dans l’entourage pour les convaincre d'aller faire vérifier leur audition.  Parfois cette personne est le ou la conjointe mais parfois c'est quelqu'un d'autre.  Ça peut être un petit-enfant, un(e) ami(e) proche, une infirmière, un prêtre, etc.  Ça dépend de chaque cas.  

Voici n autre type de déni que l'on rencontre souvent : une personne bien au fait qu’elle a des difficultés à entendre mais ne réalisant pas que cela peut être difficile à vivre pour ses proches. «Je n'entends pas bien mais c’est pas grave, je suis habitué et ma femme parle plus fort et tout est correct. ».   Dans ces cas, il faut doucement conscientiser la personne.  Lui faire prendre conscience que la perte d’audition est un problème auquel il vaut mieux s’adresser dès que possible et que cela indispose réellement tout son entourage. « Ce serait beaucoup plus plaisant pour tout le monde papa, si on ne devait pas répéter constamment quand on te parle.»

 

Autre chose à s’occuper pour le moment

Une personne qui dit vouloir s’occuper d’autres choses plus prioritaires dans sa vie ne réalise peut-être pas à quel point la perte auditive peut contribuer à compliquer les choses.  Par exemple, une personne qui doit s’occuper d’une maladie grave aura de la difficulté à bien suivre ses traitements si elle n’entend pas bien les recommandations de son médecin et de son pharmacien.  Elle peut aussi manquer des rendez-vous, se déplacer pour rien, etc.  

Bien qu’il soit parfaitement concevable que l’on doive parfois faire face à certaines situations urgentes, il ne faut pas minimiser l’impact négatif que peut avoir une perte auditive non traitée sur plusieurs aspects de la vie quotidienne.  C'est sans compter que ces autres occupations plus urgentes peuvent devenir un simple prétexte pour certains pour ne pas s’occuper de leur problème auditif.

 

Manque de motivation

On peut difficilement aider quelqu’un qui ne veut pas entendre.

C’est une situation que l’on rencontre chez les gens vivant seuls ou de nature solitaires qui souffrent d’un handicap auditif non traité depuis de nombreuses années.  Ils se sont inconsciemment repliés sur eux-mêmes et ne ressentent pas le besoin d’entendre mieux. 
La meilleure approche est d’expliquer en douceur que la situation est difficile pour l’entourage et que ce serait beaucoup plus simple si la personne accepterait de bien vouloir consulter pour ses problèmes auditifs.  

Le commentaire d’un petit garçon ou d’une petite fille s’adressant à sa grand-mère : « Grand-maman j’aimerais pouvoir te parler et que tu m’entendes. » peut aider à faire prendre conscience de la tristesse de la situation. 

Ces gens auront besoin d’aide pour se réhabituer à entendre le monde sonore qui les entoure.  Il faudra user de patience.  

 

L’appréhension

Plusieurs personnes tardent à nous consulter car elles ont entendu des commentaires négatifs de gens qui n’ont pas eu une bonne expérience soit avec les prothèses auditives ou soit encore  avec certains professionnels.

En toute honnêteté, et vous pouvez les demander à n’importe quel audioprothésiste, les cas de vrais échecs sont beaucoup moins fréquents que vous pourriez ne l’imaginer.  Pour vue que la personne démontre de la bonne volonté, il est extrêmement rare que la perte auditive ne soit pas corrigée de façon satisfaisante.
J’aurai l’occasion de traiter spécifiquement de ce volet dans un prochain bloque, j’y aborderai les facteurs qui prédisposent à l’échec lors de l’appareillage auditif.
Donc, l’appréhension n’est pas fondée et ce n’est pas parce que tante Marie a eu des difficultés à s’adapter à ses prothèses auditives, qu’il en sera ainsi avec oncle Marcel.

 

Le coût

Le coût d’achat peut parfois constituer un empêchement à se procurer des prothèses auditives pour certains.  Toutefois, il faut rappeler que la Régie de l’Assurance Maladie du Québec fournit à chaque personne, se qualifiant à ses critères, une ou des prothèses auditives sans frais.   D’autres organismes peuvent participer à la fourniture de prothèses auditives comme : la Commission de la Santé et Sécurité au Travail (CSST), les Affaires indiennes (SSNA), Anciens Combattants Canada et plusieurs autres.  
De plus, il est possible de payer sa facture en plusieurs versements chez la plupart des audioprothésistes.  

 

Dans la bonne direction

Pour terminer ce premier billet, je vous dirais que, comme tout traitement qui exige un peu d’effort de la part du patient, le recours aux prothèses auditives reçoit son lot de critiques.  Malgré tout, en tant qu’audioprothésiste, j’ai assisté au cours des dernières années à une amélioration constante des techniques dans l’appareillage auditif de même qu’à une maturation des technologies numériques utilisées dans l'élaboration des prothèses auditives modernes.  Pour nous, professionnels de la santé auditive, et surtout pour nos patients, cela sigifie un appareillage auditif beaucoup plus satisfaisant.


François Sasseville, audioprothésite

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01 octobre 2015